Artistes

HASSAN ECHAIR

(1964)

Hassan Echaïr avance avec la légèreté du funambule. Il retient que les traces, les passages, les ombres, ombres des voilures, ombres des hommes absents de parcours pourtant autrefois habits par eux. Il garde en mémoire le déplacement nomade, le temps du voyage et l’inscrit en structures mobiles, cordes, trapèzes, balancelles. Vocabulaire inventé pour dire la mesure du temps, temps vivant pour les marcheurs conducteurs de troupeaux, temps mort pour ceux qui ont pris la mer dans le Detroit et ne sont pas arrivés.

Cordages gréement de bateaux fantômes, orchestration musicale de lignes et de formes géométriques balanciers lests de pierres, de poids pour arrêter le temps, marquer l’heure. Le contreplaqué́, le verre, la pierre, rien de plus pour dessiner la configuration d’une durée à analyser. A partir de quand commence le décompte de l’espérance ? Quand le balancier se remettra-t-il en mouvement ? L’artiste imagine, crée donc les images les plus déréalisées et en même temps n’oublie pas la tension des cordes des tentes, la courbe d’une barque, la pesanteur d’une obsession. Tout est allusif, posé comme une proposition qui n’est jamais imposé. Au spectateur de refaire le chemin, de trouver sa vérité dans la figure présentée. A lui de lire entre les lignes, de suivre les trajectoires, d’accepter de se confronter avec l’ombre du réel pour mieux le reconnaître.

L’art de la litote n’est-il pas d’exprimer le plus en disant le moins ?

 

LA LÉGÈRETÉ DES OMBRES

Nicole de Pontchara Marseille, février 2003