Il est des images qui nous obsèdent, nous habitent, nous parlent dans l’infinité sans que nous puissions les extérioriser.
La musique, le refrain, la mélodie intérieure, celle qui répète inlassablement les bruissements du cœur de la mère. L’être ordinaire ne peut les partager ; Il les cache, les couve ; se couvre de honte quand il se surprend en train de les reproduire, les dire ou les chanter. Mais l’artiste a le mérite de montrer, de dévoiler tout ce que le monde tend à cacher.
Aziz Sayed, derrière son silence et son sourire timide, tire les ficelles de ces images obsédantes. Il creuse le tournoiement du corps en expérimentant les supports, les dimensions, les matériaux et les techniques. Le carton traité graphiquement avec des couleurs légères presque aquarellisées, du contre plaqué chargé de matières sillonnées de ces corps voltigeant dans un vide cosmique. Il cherche la transparence dans l’opacité et la légèreté dans la densité même de la matière et impose la pesanteur et l’opacité à l’éclat de la couleur.
Son travail reste malgré tout une énigme que chacun doit déchiffrer dans l’intimité.
Moulim El Aroussi