Artistes

KHADIJA TNANA

(1945)

Née à Tétouan au lendemain de la seconde guerre mondiale dans un Nord marqué par la rude domination espagnole, surtout franquiste, et les séquelles encore vives et douloureuses de la guerre coloniale du Rif, Khadija Tnana s’est très tôt frottée à l’urgence de l’engagement politique.

Ce prisme a libéré son esprit, ce qui lui a permis d’opérer une salutaire saisie de son corps propre, celui d’une femme prise en tenaille entre un héritage culturel oppressif et une posture moderniste qui promet la délivrance.

Peut-être est-ce pour servir la cause de ce corps longtemps emmailloté dans les strictes corsages d’une tradition patriarcale d’un autre âge que la peinture de Tnana est dépouillée, ramenée à l’essentiel.

Les figures féminines sont graciles et effilées, comme si elles étaient sculptées, depuis la fondation du monde, certes par cette finitude fatale qui gît au cœur de toute existence, mais aussi et surtout par cette violence phallocratique qui régit les normes et les formes sociétales.

Pourtant, les figures ne sont jamais ni pliées, ni arquées. Elles ne courbent jamais l’échine. Refus radical de toute forme de soumission. Dressées, debout, à hauteur d’homme, elles laissent advenir une stature digne qui sied à tout être… pleinement humain.