SANS TITRE – HAMID DOUIEB

Témoin modeste de son temps et annonciateur de l’après art contemporain, Hamid Douieb peint, philosophe même sans pédantisme aucun, mais avec un entrain imagier et des convictions à la limite du religieux. Arrivé depuis Casablanca, sa ville natale, à Tournai en Belgique à la fin des années soixante, il a tout juste vingt ans et se destine à des études d’ingénieur. Mais le penchant à l’art l’emportera et il suivra parallèlement des cours du soir, de sculpture de prime abord. Un faible pour le volume qui sera déterminant dans sa carrière de peintre inéluctablement figuratif, mais non sans caprices. L’homme refusera, dès le départ, toute résignation au profit d’une liberté que seule sous-tend une certaine rigueur du métier, abstraction faite des sujets. Une allergie aux clichés, aux catalogages très tôt affichée. Le plasticien a toujours privilégié le contenu pictural, transcendant le train-train des processus plastiques bien assis; raillant au pinceau, dans une iconographie quelque peu osée, mais jamais outrageante, les soi-disant prétentions intellectuelles.

Artiste irascible, il n’est pas question de compromis, quitte à condamner le peintre obstiné qui l’habite à une réclusion plastique douloureuse, mais qui doit s’avérer plus tard prometteuse de maints succès. La réconciliation n’allait pas tarder, sous un jour nouveau, avec le chevalet. Il s’agira de rendre une sensualité propre qui augure de quelque « isme » manifeste bien à lui et que Hamid Douieb annonce en icones soigneusement figurées, mais non sans audace, plutôt en pulsions imagières au gré des humeurs encore rationnelles du créateur.

Héritier d’un croisement de cultures dans l’acception la plus large, l’artiste était parti très tôt dans l’autre rive se ressourcer en techniques, en visions aussi, pour revenir au terroir natal après près d’un demi-siècle d’absence sporadique, à dessein d’y donner à voir un art substantiel pour une reconnaissance tangible et un partage à la fois artistique et émotionnel.

Extrait du texte «Authentiquement figural» Ahmed FASSI.
Tanger . 27 juin 2019.